Bon, désolé, j'ai pris mon temps pour répondre, mais me voici. Je vais en profiter pour répondre à quelques messages de niic.
(Désolé Zhatan, je n'ai pas encore lu tes articles, mais ils sont dans ma barre de favoris, je ferai ça quand j'aurai un peu plus de temps)
Si je ne réponds pas à certains trucs, tu peux concevoir soit que je suis d'accord, soit que je n'ai rien à répondre pour l'instant parce que je ne connais pas suffisamment bien le sujet (sinon, mon post va faire des km vu le nombre de réponses à apporter

)
là où l'UE n'a strictement aucune importance puisqu'il n'y a pas de diplomatie européenne unifiée.
Ca c'était vrai avant Lisbonne en 2009. Mais ça a tendance à s'estomper aujourd'hui. Alors certes, c'est pas encore au point et les actions restent assez dérisoires, mais l'UE arrive enfin à agir dans un sens commun (qu'on soit d'accord ou non avec ces actions) : l'embargo sur la Russie pour l'exemple clair. Il me semble aussi que l'UE a eu un rôle fort à jouer dans l'affaire avec l'Iran (rôle que Laurent Fabius s'est attribué d'ailleurs). Et, à voir ce que ça va donner, l'UE cherche à donner une impulsion pour une interdiction de la vente d'armes en Arabie Saoudite. Donc c'est un nain, mais qui a tendance à grandir.
mais je maintiens que depuis 1992 l'UE n'a rien produit d'intéressant pour les peuples, sauf pour l'Allemagne et dans une certaine mesure l'Europe du Nord parce qu'ils pilotent depuis quelques années
Je ne suis pas forcément d'accord, là encore. On a tendance à l'oublier, mais la plupart des pays du sud et les PECO reçoivent beaucoup d'argent de l'UE pour combler leur retard. Dis-toi bien que la Pologne par exemple a réussi dans sa capitale à avoir un niveau de vie et de richesse aussi élevé qu'une région riche d'Europe de l'ouest (hors capitale). Et c'est pareil pour la plupart des autres pays qui reçoivent cette aide. La plupart des pays qui n'arrivaient pas à se développer depuis 1992 c'est leur faute directe (mais l'UE aurait sûrement dû mieux observer comment était utilisé l'argent...) , quand on regarde les chiffres. On voit que l'argent disparaît bizarrement en Roumanie par exemple, et que la Hongrie utilise moins bien son argent que la Pologne ou la République Tchèque.
Non, l'UE patauge vraiment depuis 2008. Avant, elle avait ses failles mais elle fonctionnait.
L'Euro est par exemple un poids effroyable pour la France étant donnée la structure de son économie.
Aujourd'hui, grâce à l'effort de la BCE (

), l'euro s'est stabilisé. Il n'est plus trop fort, tout en étant quand même un poil supérieur au dollar. Mais par contre, en règle générale, utiliser sa monnaie pour mieux vendre, c'est pour moi simplement échapper au problème. Si ton économie ne vend pas, c'est que tu t'es mal spécialisé (tu vends des biens qui se vendent à bas coût alors que tu es un pays avec une haute valeur sociale). La France n'a jamais voulu voir ce problème et a toujours fui ça avec la dévalorisation. Aujourd'hui elle doit faire son choix : réduire en esclavage sa population (j'exagère, mais tu vois l'idée), ou se spécialiser dans des biens à haute valeur ajoutée... Ou passer à l'autarcie complète, mais je ne crois pas qu'on puisse faire ça sans se retrouver dans un état pitoyable.
Non franchement je pense que les Allemands savent ce qu'ils font.
Ben justement, avec tout ce que tu me dis, tu me prouves qu'ils ne savent pas ce qu'ils font : ils se basent sur un dogme basé sur une veille peur hyperinflationniste. Qu'on soit bien d'accord : je comprends tout à fait cette peur. Mais elle fait beaucoup de mal parce que du coup ils se ferment énormément de portes et ils empêchent à leur économie de gagner en force. On doit avoir une inflation si on veut augmenter les niveaux de vie et la richesse d'un pays. Le tout, c'est que ce ne soit pas trop fort. L'économie politique, c'est comme la plupart des décisions : c'est jouer à l'équilibriste. Si tu penches trop à droite ou trop à gauche (sans jeu de mot avec la politique), ben tu tombes et tu risques de te rompre la nuque.
nous n'avons pas d'histoire européenne commune
Nous n'avons pas d'histoire européenne commune enseignée*, plus exactement. Pour moi, le meilleur exemple ça reste Charlemagne, qui est vu par beaucoup de pays européens comme un roi de leur propre pays, alors qu'il est un roi germanique/européen. Les nations n'existaient pas à cette époque. D'ailleurs, tu sais qu'il n'y avait pas d'histoire commune de l'Italie avant le Risorgimento et l'unification au XIXème ? C'est après que leur histoire s'est créée. Et bien c'est pareil pour nous. C'est aujourd'hui qu'on est en train de se créer une histoire commune. Enormément de nations n'ont pas d'histoire avant d'être créées. C'est normal. Cela devient leur histoire après qu'ils se la soient appropriées. Regarde en France. Aujourd'hui on considère l'époque des seigneurs comme une histoire française, alors qu'en fait si tu leur disais qu'ils sont français et qu'ils sont pareils que les seigneurs d'à côté, ils se foutraient de toi... Et t'enverraient sûrement au cachot.
la BCE a simplement permis un coup de force économique qui a mis à genoux Tsipras et qui mettra demain à genoux le Portugal, l'Espagne voire la France.
La Grèce est un cas à part, mais ouais la Troïka a merdé. D'ailleurs, le FMI s'est excusé et dit qu'il faut changer de politique maintenant - j'aimerais bien qu'ils remboursent aussi, mais c'est beau de rêver - et la Commission s'est faite épingler par la Cour de Justice Européenne (tu noteras d'ailleurs que la BCE, elle, n'a pas été épinglée).
L'Estonie et l'Irlande qui ont dû faire un plan d'austérité sont en train de s'en sortir.
Pour l'Espagne : nop. Elle est en train de s'en sortir.
Le Portugal va sûrement s'en sortir après (je ne connais pas suffisamment leur gestion de la crise).
La France fait juste n'importe quoi... L'Europe n'a rien à y voir. Je suis désolé, tu dois sûrement croire que je fais l'inverse des eurosceptiques (à savoir : je ne fous rien sur le dos de l'Europe), mais si elle a ses torts, faut voir comment certains pays gèrent : mais pas du tout. Ils ne cherchent quasiment pas à résoudre la crise. Les réglementations européennes pour contrôler les banques : ils font la gueule. Les conseils pour libéraliser : on dit non, mais après on fait une loi invraisemblable sans aucune logique qui ferait rougir des ultralibéraux (coucou LoiTravail, je suis sûr que ton seul fan c'est darkseid).
La BCE a fait beaucoup de mal, mais elle a aussi permis d'éviter le pire (ce qui ne veut pas dire que ce qui se passe n'est pas horrible). La Grèce a failli faire banqueroute, et seule l'intervention de la BCE lui a permis d'éviter ça. Sans la BCE, la Grèce serait pas à genoux, mais belle et bien morte et enterrée.
Oui enfin l'Europe c'est pas un gamin, et encore moins le mien. Sinon ça fait bien longtemps qu'il aurait pris une volée de bois vert.
L'Europe n'a que 70 ans. C'est un gamin. Un gamin conçu par des ados qui font leur crise existentielle. Et que tu le veuilles ou non, l'Europe a été créée par la France et tous les autres pays, donc c'est aussi ton gamin (enfin, j'imagine que tu es Français ou Belge. Dis-moi si je me trompe).
Ouais enfin si tu fais un mémoire, tu dois être en master, donc tu devais pas être bien vieux en 2008...
Suffisamment pour écouter les infos et aller sur Facebook en suivant les journaux (moins assidûment que maintenant, certes), et aussi connaître les résultats d'élections (j'ai commencé à m'y intéresser à une certaine élection où un vieux con a failli gagner en fait).
Par contre je suis désolé mais 4 millions de personne dans la rue le 1Janvier 2015, ça indique assez bien que les gens sont concernés par leur patrie quoique diversement et selon des motifs très variés
Euh... Des manifs de soutien, il y en a eu partout dans le monde occidental hein. Suffit de voir les monuments, les différents groupes qui ont chanté la Marseillaise alors qu'ils ne sont pas Français, etc etc...
Les groupes ont été divers et peut-être que certains ont marché pour la France. Mais d'autres n'ont marché que pour la tolérance, d'autres contre le terrorisme... Tu ne sais pas ce qu'il y a dans la tête des gens.
Mais alors pour l'élection européenne...
Yup, les gens ne votent pas à l'élection européenne, et après s'étonnent que le Parlement européen ne prend pas les décisions qu'ils veulent. J'aimerais bien que les gens savent pourquoi il faut aller voter à cette élection, mais les médias français ont
refusé de passer les débats européens

.
Ce que tu appelles habitude c'est très important, parce que c'est rien de moins que l'horizon pertinent de la prise de décision et de l'intérêt qu'on porte banalement aux règles qui nous régissent et surtout avec qui on est prêt à faire des compromis ou à discuter.
L'habitude c'est surtout un élément qui peut être terriblement nocif et interdit certaines prises de conscience sous prétexte qu'on "a toujours fait comme ça". Quand on a pris une habitude, on arrête de se demander pourquoi on agit comme ça. Et c'est un facteur qui se retrouve dans beaucoup de problèmes : l'insécurité des femmes, l'égalité homme/femme, la vision de l'homosexualité/du transgenre, la révision du travail et de l'emploi, le refus d'utiliser les nouvelles technologies, ne pas accepter les nouvelles connaissances, etc...
Ce n'est pas un horizon pertinent. C'est un horizon tout court. Lorsqu'on cesse de discuter les règles par habitude - et non pas parce qu'elles sont justes - alors on a perdu.
Je pense qu'on a tort de penser que ça n'existe pas parce que c'est abstrait. Je ne vois pas pourquoi j'irais discuter avec un Letton de savoir si la laïcité doit être remise en cause par exemple.
Tu peux discuter avec n'importe qui en Europe de ça, la plupart des débats sont les mêmes. Au passage, discuter de la laïcité/de la religion, c'est ce que tu fais tout le temps quand tu postes sur le topic religion.
Je ne pense pas, peut-être que ce serait mieux qu'on s'entende, mais ça ne veut pas dire qu'on ait des intérêts en commun, donc qu'on peut s'entendre.
Bien sûr que si, à la base c'est comme ça que fonctionnent les relations internationales. Et d'ailleurs l'UE est copiée dans le monde entier. En Asie (ASEAN), en Amérique du sud (Mercosur), en Amérique du nord (ALENA). A des degrés différents (l'ASEAN étant celle qui veut le plus se rapprocher d'une organisation à l'européenne, et l'ALENA en étant la plus loin car elle n'est qu'un instrument de domination des Etats-Unis malheureusement), mais ça existe quand même. Preuve du succès de cette approche. L'idée de la collaboration vraiment poussée au niveau internationale est toute nouvelle. Elle a émergé très difficilement au XXème siècle avec l'ONU, et ensuite au niveau régional la CECA, mais elle prend vraiment son essor que depuis la fin du XXème siècle. J'insiste : c'est
nouveau et c'est donc normal qu'on ait du mal à y voir clair.
Résultat, le chômage n'a jamais été aussi haut, la fonction publique va très mal et on est globalement paralysé dans l'action publique.
Pour le coup le problème est un problème d'adaptation à une nouvelle donne mondiale où les pays ont beaucoup moins d'influence qu'avant. Qu'on aille dans le sens de l'Allemagne contribue un peu au problème, mais c'est dérisoire (et on aurait le même problème sans l'UE. Suffit de voir que c'est à partir des années 70/80 qu'on a ce chômage de masse, et qu'on l'avait déjà en 29). C'est un peu comme considérer que ton rhume est la cause principale de ta mort alors que tu souffres d'un cancer généralisé.
En ce qui me concerne, j'espère bien qu'on n'aura pas d'accord
Moi j'espère qu'on en aura un, mais avec des restrictions claires de la qualité avec une mise à niveau américaine.
On appelle ça un rêve, donc je suis plutôt d'avis pour que les Etats-Unis aillent se faire foutre (mais malheureusement on y perdra aussi beaucoup de ne pas avoir cet accord... Mais dans les circonstances actuelles, je préfère pas d'accord du tout).
Pour le TTIP :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/press/ ... fm?id=1248(il me semble que j'en avais eu un autre plus récent entre les mains, mais c'était en version papier...)
On peut faire des choses très ambitieuses sans le carcan des traités européens, en dehors desquels il n'y a pas de démocratie doit-on le rappeler, du moins si on en croit notre charmant Juncker.
Le "carcan européen" permet au contraire de s'imposer un cadre commun où les négociateurs voient clairs. Un accord multilatéral est très dur à mettre en place, et les BRICS se bouffent entre eux. D'ailleurs c'est un accord de principe qui n'a finalement eu que peu d'effets, par rapport à la plupart des réglementations européennes.
Déjà l'Europe actuelle montre le contraire.
Ben euh, on n'est pas en fédération, on est dans une situation intermédiaire entre la confédération et la fédération. Donc l'Europe montre rien du tout sur le fédéralisme.
Je pense qu'il faudrait détricoter pas mal de truc, pour remonter à peu près à 92. On peut très bien garder l'Euro mais faire autrement : par exemple avoir une monnaie commune mais pas unique. En fait ce serait beaucoup plus malin parce que ça permettrait d'ajuster des écosystèmes monétaires adaptés aux spécificités des nations.
Cette solution ne serait peut-être pas si mal, en attendant une intégration plus poussée. Après, je ne vois pas trop ce que tu veux détricoter qui n'était pas déjà présent avant 92 ?
Pour niic, je n'ai rien à dire sur ton post après (en fait ça correspond exactement à ce que je sais de la Suisse et qui m'incite à penser qu'on peut faire l'Europe, mais autrement.)
tu penses vraiment que la "nation" n'a aucune consistance réelle ?
Je le pense clairement oui. Les nations c'est un truc bateau qui peut s'effondrer à tout moment. C'était un niveau très pratique à l'ère des royaumes parce que cela permettait de brasser beaucoup de territoires d'un coup et d'en faire émerger une organisation supérieure à celle qui se faisait auparavant (le Royaume, ça reste une région au dessus des autres. On en a des restes en France avec la primauté de Paris d'ailleurs). Aujourd'hui, le contexte a changé et la nation est impuissante. Alors, supprimer les nations ? Ptet pas. Leur donner autant d'importance qu'aujourd'hui : non.
Aujourd'hui, les gens ne se sentent Français que quand ça les arrange : à savoir quand ils veulent un privilège en particulier ("faut privilégier les Français dans l'emploi è_é"). Sinon en général, on s'en fout hein. Tu proposes à un gars d'aller aux Etats-Unis pour faire sa vie là-bas, avec un bon salaire supérieur à ce qu'il a, et il y va. On a beaucoup d'expatriés, et je considère que c'est pas un mal. Et ça va encore s'accentuer avec la génération Erasmus habituée à voyager en Europe (et qui donc commence à penser européen d'abord).
Pour moi, tu me fournis la preuve que le référendum n'est pas une bonne idée
partout. Ce texte était pour moi une chance pour l'Europe parce qu'elle la rendait éminemment plus démocratique... Mais les Français ont dit non sans savoir ce qu'il y avait dedans.
Attention : je ne dis pas que parce que c'est une idée européenne, il faut voter pour. Mais ce texte cherchait à donner plus d'influence au citoyen européen. Donc qu'on soit pour ou contre l'UE, c'était un texte
positif. Mais en France, on l'a réduit à un vote "pour ou contre Chirac" ou à un vote "pour ou contre l'Europe". Ca montre le problème : on s'est pas interrogé du tout sur le texte et ce qu'il proposait, mais sur une certaine représentation qui n'est peut-être pas partagée par tous. Donc certains ont voté contre Chirac, d'autres contre l'Europe, d'autres contre le texte. Au final, personne n'a voté pour la même chose.
J'ai demandé à des gens qui étaient contre, et la seule réponse qu'ils pouvaient me donner c'est "bah la même chose que le Traité de Lisbonne". Bon déjà, c'est faux, mais en plus impossible de leur faire dire plus de détails.
Ca sert à rien d'avoir une démocratie si c'est pour voter sans savoir. Je refuse d'avoir un médecin qui n'y connait rien en économie pour décider s'il est bon ou non de dévaluer ou réévaluer l'euro.
Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas avoir de référendums parfois, mais pas sur des sujets techniques où de nombreuses données doivent être prises en compte (et où il faut en plus avoir le temps de lire un texte ultra long avec des termes ultra techniques).
Après, le problème du système français, c'est pas que les "élites" (terme bien français ça d'ailleurs) prennent des décisions techniques. C'est qu'elles dominent tout débat et qu'elles ne prennent même pas en compte les demandes des citoyens. Notre système est mal foutu c'est clair et net.