OK.
Ben tu vois, quand on discute plus posément, c'est plus facile de se comprendre.
Déjà, je suis désolé si mes propos t'ont heurté, car ce n'est pas le but.
Je le répète : je suis navré.
Je mène effectivement de mon côté un combat pour continuer de faire évoluer la société vers quelque chose que je pense être plus juste. Mes propos sur "les banques" ou "les patrons" n'ont absolument pas pour but de stigmatiser ces personnes, bien au contraire : je suis le premier à reconnaître qu'ils font ce qu'ils font pour le bien-être de leur entreprise et de leur situation, dans le respect des lois. Je suis aussi, contrairement à ce que tu sembles croire, issu de l'école libérale: je pense que l'influence de l'état doit se réduire au strict minimum. La principale différence entre toi et moi, c'est qu'on ne place pas le minimum au même endroit.
À mon sens, l'état se doit d'être l'expression d'un consensus commun entre ses différents intervenants. Il ne doit intervenir que dans les domaines où il apparaît plus efficace que les institutions privées, ou du moins plus à même de défendre les intérêts des plus faibles.
Quant "aux banques", ce que je reproche, ce n'est pas tant les banquiers en eux-même que le système bancaire dans son ensemble, que je ne crois pas capable de répondre aux défis de l'avenir. Par le jeu du libéralisme, l'argent produit par les banques privées a échappé à tout contrôle, et ce n'est pas pour rien que même des mecs comme les responsables des banques centrales américaines et japonaises, ainsi qu'un type comme Draggi envisagent sérieusement la solution de l'argent hélicoptère. C'est tout simplement parce que la répartition entre les agents principaux de l'économie (à savoir : entreprises, ménages, institutions publiques et marchés financiers) est complètement disproportionné, au point que l'économie dite "réelle" (échange de bien et service) représente désormais moins de 20% des transactions financières. Les sommes absorbées et investies par les organismes privés ne sont absolument plus à même de répondre au besoin public, tout simplement parce que les intérêts économiques privés sont devenus incompatibles avec leur intérêt financier propre.
Pour caricaturer le problème, en gros, il faudrait que 40% de l'argent investi par les banques aille vers des PME ou des ménages, mais l'intérêt des banques privées ne leur permet pas de leur allouer plus de 20% de ces ressources. Et c'est un énorme problème, car il tend à rendre les riches de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres, parce que comme l'argent est essentiellement alloué à des projet publics (pas toujours nécessaires socialement, mais économiquement pour maintenir un minimum de liquidités dans le circuit) et à des produits financiers immatériels tels que des assurances financières au troisième degré, dont les quidams ne verront jamais la couleur.
SI je plaide aujourd'hui pour des solutions radicales qui réclament l'intervention de l'état, c'est parce que nous avons un intérêt commun à rétablir une situation d'une plus juste répartition. L'économie est une création humaine, et les quarante dernières années ont montré que la "main invisible" est un phénomène nécessaire mais pas absolu. Certains dysfonctionnements nécessitent une correction, ou on se retrouvera avec une part importante de la population qui crève la dalle. Et ça, crois-moi, ce n'est bon pour absolument personne.
Bref, ce que je défends ici, ce sont mes convictions.
Si on a pris la mouche contre toi, ça n'a rien à voir avec le fond de ta pensée politique. C'est parce que tu nous as agressés personnellement, voire nous a prêté des propos que nous ne tenions pas. Cela dit, il est naturel que des sujets aussi ouverts que la politique ou l'économie, qui n'ont rien de sciences exactes, soient sujets à tensions. Nous avons des convictions, et quand quelqu'un attaque ces convictions, on le prend à cœur. Néanmoins, c'est aussi un excellent exercice que d'essayer de se rapprocher des autres et de maîtriser ses pulsions. SI tu relis les premiers échanges que nous avons eus à tête froide, tu verras qu'ils étaient dans un premier temps constructifs.
Cela dit, non : nous n'incitons personne à saigner personne. On essaie simplement de trouver des solutions au phénomène d'appauvrissement général de la population, qui ne t'aura sans doute pas échappé.
Je terminerai en t'apprenant une chose que tu sembles ignorer :
Les pays d'extrême gauche n'existent pas.
Il s'agit de dictatures extrémistes, à l'opposé de ce que prônent les théories anarchistes et communistes. Qu'on les affuble de l'étiquette de communiste n'en fera pas un pays de gauche, de même que le fait que le président actuel de la France appartiennent au parti socialiste ne fera pas de sa politique une politique de gauche. De fait, comparer la Corée du Nord, la Chine ou l'ex-URSS à nos convictions politiques est perçu comme extrêmement insultant.
Voilà. J'espère avoir accompli un pas dans le sens de la réconciliation, car tu as raison sur ce point (au minimum) : la politique, c'est avant tout une affaire de consensus et de rassemblement.
EDIT :
Mais un dictateur allemand a été élu démocratiquement en 1933. Ce dictateur a entraîné l'Europe voire le monde dans une guerre mondiale. Donc non la majorité n'a forcément raison.
Petit point culturel au passage : Hitler n'a jamais récolté la majorité des suffrages. Le parti nazi n'a jamais récolté plus d'une trentaine de % des voix. C'est le système proportionnel et le jeu des alliances qui a porté Hitler au pouvoir. Cela dit, en effet, la majorité n'a pas toujours raison.