Il faudra que je regarde tes liens. Celui de Meirieu ne cite pas ses sources, donc bon...
Bon, j'imagine bien qu'en tant que prof tu n'es pas vraiment motivé par les changements. Et ça se comprend. Tout ces efforts bousillés parce que finalement, il y a une autre méthode. C'est remettre en cause tout le travail accompli. C'est chiant, et je l'admets volontiers. Mais, forcément il y a un ''mais'', il faudra passé par là. Faire de la résistance c'est bien joli et c'est compréhensible, surtout avec un travail qui est parfois ingrat, mais ça ne marche pas. Enfin, bref, je ne trouve pas mes mots donc je vais arrêter là.
Mes motivations ne sont pas psychologiques (non parce que psychologiquement, je suis effaré du gâchis que produit l'école française et des oeillières de nos dirigeants, comme NVB), elles sont idéologiques, ça fait une petite différence.
Bon comme j'ai pas envie de répondre à tout (ça me saoule), je vais juste résumer ma pensée, je l'ai déjà fait de toute façon :
On met les savoirs, pas les élèves, au centre de l'école. On ne peut bâtir quelque chose que sur des savoirs positifs et on ne peut pas demander plus à l'école. Ce n'est pas à l'école d'enseigner les choses de la vie. En fait, je suis même un peu sceptique sur tout ce qui est éducation sexuelle, à la santé... etc, mais bon, admettons. Ce qui ne veut pas dire ne jamais réfléchir en cours, ne jamais poser de question, ne jamais avoir de débat, ne jamais aborder la vie quotidienne. Ça veut dire que l'école n'est pas là pour pallier tous les défauts de l'éducation des parents ou toutes les carences de la société. En réalité, je suis plutôt pour l'instruction que l'éducation. Même si évidemment l'école sécrète ses propres règles et attitudes (discipline... etc).
Du reste, l'élève doit bien être au centre de l'école mais au sens suivant : ce qu'on cherche à former c'est un individu autonome, doté des bases minimales (et plus si affinité). C'est donc avant tout une formation de l'individu pas pour le distraire mais pour le rendre libre. Donc l'école doit être relativement protégée du monde extérieur. Ce qui implique que l'école n'est PAS là pour le marché du travail. Ou alors éventuellement à partir du lycée (et encore, pas en filière générale). Deux prérequis donc pour les filières générales : l'intérêt de l'élève (et son envie, à lui) et le niveau de l'élève. On doit pouvoir dire non à quelqu'un qui veut aller en S et qui n'a pas les moyens de le faire.
Je serais assez pour insérer entre la troisième et la seconde (par exemple) un service civique facultatif pour deux raisons : ça permettrait aux élèves qui n'ont pas la maturité de voir un peu le monde, ça permettrait aux élèves les moins socialement favorisés de se motiver, de se donner un but. Pour des raisons évidentes d'égalité, ce service civique devrait être pris en charge par L’État et dans la mesure du possible ne pas empiéter sur les emplois rémunérés pour ne pas faire de concurrence aux travailleurs (sauf dans les secteurs qui manquent de personnel ?). Cela implique donc : bénévolat, travail dans des associations, humanitaire, pourquoi pas service dans l'armée (bon c'est compliqué dans la mesure où les élèves ne sont pas majeurs mais il y a sans doute des formules possibles)... etc.
Donc, on doit diminuer le nombre d'élèves (on pourra ainsi diminuer le nombre de profs, et donc les recruter d'une manière plus appropriée, tout en les payant un peu plus, pourquoi pas).
Cela implique de mettre en place de vraies filières techniques exigeantes, de resserrer la sélection en filières générales et puis de relocaliser tout un tas d'activité : agricoles, textiles... etc. Demandant des travailleurs peu qualifiés mais fondamentalement utiles. Parce que l'économie de la connaissance gnagna c'est bien gentil, mais ça laissera toujours de côté les gens qui ne sont pas capables de suivre. Tout le monde ne peut pas faire des dérivés, des matrices, des dissertations. Mais il y a énormément d'intelligence dans d'autres métiers et c'est aussi une façon d'éprouver sa liberté.
Pour information, parmi les illettrés, il y a un bon 33% faisant parti du baby boom (juste après 1945), et autour de 10 % sont nés après 1985. Donc globalement, si l'on regarde d'un peu plus loin que les 20 ou 30 dernières années (j'ai pas les chiffres en têtes), oui l'illettrisme a considérablement baissé.
J'en ai parlé : l'illettrisme augmente avec l'âge. Notamment parce que ceux qui ont des difficultés de lecture vont avoir tendance à ne pas lire, et donc à "aggraver" leur cas. Même s'il n'a pas augmenté, il me semble problématique d'envoyer en Terminale générale des gens qui ne savent pas lire un texte en Français courant. Je n'ai pas la source sous la main (et je dois corriger des copies) mais j'essaye de retrouver

PS : juste pour rigoler très fort :
https://pedagogieagile.com/2013/10/04/235/Et pourtant, je crois m'y connaître un peu en texte imbitable. Mais là c'est un champion du monde.