Merci Monsieur Panda, j'ai l'impression que ton intervention éclaircit mon raisonnement.
D'ailleurs, je ne défend pas vraiment le CETA. J'essaie juste d'expliquer que l'utilisation de tribunaux indépendants est courant en droit international depuis plus de 50 ans. Au niveau d'un spécialiste en droit international, on découvre un peu l'eau chaude, là.
Donc ça :
niicfromlozane a écrit:Jusqu'au début du XXIè siècle, ce genre de différend, ça se réglait dans des tribunaux réguliers, avec des vrais juges.
C'est faux. Ou à moitié vrai. Oui, ce genre de différend pouvait se régler dans des tribunaux nationaux, mais aussi dans des tribunaux internationaux. Je rappelle que le traité entre la France et l'Egypte date de 1974.
Même le Vénézuéla de Chavez (dont Mélenchon souhaite s'inspirer) a signé ce type de traité avec un tribunal d'arbitrage en cas de différend et pour la protection des investisseurs. Voir l'article 11 de ce traité.
http://investmentpolicyhub.unctad.org/D ... yFile/1294On en a avec plein de pays comme l'Inde
http://investmentpolicyhub.unctad.org/D ... yFile/1231ou la Russie
http://investmentpolicyhufrb.unctad.org ... yFile/1274Bon, l'utilisation de tribunal d'arbitrage, c'est du droit international classique. Y a rien de nouveau avec le CETA. De plus, cela n'a jamais permis à la Russie, l'Inde ou d'autres pays de dire "merde" à nos normes ou notre réglementation.
niicfromlozane a écrit:Que l'entreprise puisse dénoncer/renégocier le contrat, soit, c'est parfaitement normal. Mais qu'en plus elle soit indemnisée, faut pas pousser mémé dans les orties.
Veolia prétend que l'Egypte a refusé de modifier le contrat. C'est aussi l'objet du litige.
niicfromlozane a écrit:Quand tu t'engages pour 15 ans, tu sais parfaitement que tu prends un risque à la hauteur du reward : d'un côté si y a pas de blême, t'es à l'aise tranquillou pour une décennie et demie, et de l'autre, ben oui : les conditions peuvent changer.
Bah, c'est justement prévu en droit international défini ici par le traité France - Egypte de 1974.
Et les 2 états avaient prévu cela pour rassurer les investisseurs étrangers, sinon ces derniers ne seraient pas venus.
niicfromlozane a écrit:En substance, que tu puisses complètement sortir du truc avec indemnisation, c'est pas normal, à cause d'une notion assez fondamentale du droit qui veut que l'intérêt général prime TOUJOURS l'intérêt privé.
Ta notion n'interdit pas le dédommagement. T'imagines, sinon, les pauvres propriétaire d'une maison se situant pile sur l'axe d'une future autoroute... On les exproprie et on ne les indemnise rien. "Intérêt général, mon pote !" Je parle d'autoroute, mais on pourrait imaginer pleins d'autres projet d'intérêt général.
J'imagine déjà le stress d'acheter une maison dans certains coins en France.

niicfromlozane a écrit:Une collectivité publique n'est pas un partenaire "comme un autre", et le contractant est censé être au courant, et calculer les risques qu'il prend en conséquence.
Cela se justifie logiquement par les innombrables avantages que lui procurent ce genre de contrat, à commencer que son partenaire a un risque absolument infime de se trouver en faillite ou de devoir rompre le contrat pour des raisons propres à un privé, comme un décès ou autre
Je pense que tu n'as pas tout compris. Déjà, les traités internationaux comme celui de France-Egypte ne concerne pas que les marchés publics. Ensuite, dans le cadre d'un marché public, il y a un règlement avec tout un tas de pièces (CCTP, CCPA, mémoire technique, acte d'engagement etc...) qui sont un contrat avec des obligations de part et d'autres. Et heureusement, car sinon plus personne ne répondrait aux marchés publics.
Si jamais la collectivité décidait de retarder les paiements pour au final ne plus payer, l'entreprise aurait le droit de recourir au tribunal administratif pour dédommagement. C'est tout à fait normal. Bien sûr, l'Etat aurait le pouvoir de retirer ce droit pour une personne morale d'avoir recours au tribunal administratif, mais alors plus aucune entreprise ne répondrait aux appels d'offre.
Dans le cas de Veolia en Egypte, l'Egypte aurait très bien pu refuser le tribunal d'arbitrage et renoncer au traité France-Egypte. Pourquoi l'Egypte ne l'a-t-il pas fait ? Je t'encourage à te poser la question.
Qui n'a pas voulu jeter le bébé avec l'eau du bain ?
niicfromlozane a écrit:Le beurre, l'argent du beurre, et le sourire de la crémière.
Ça, c'est ce que l'Egypte semble avoir tenter d'avoir. Dans le cas contraire, le pays aurait dénoncé le traité, tout simplement.
L'objectif des tribunaux d'arbitrage international est de rassurer les investisseurs. Tous les pays ne sont pas la France.
EDITCas de la Suisse.
Pour information, la Suisse aussi possède ce genre de traité (protection des investisseurs et tribunaux d'arbitrage).
Un exemple parmi d'autres :
http://investmentpolicyhub.unctad.org/D ... yFile/1315Tiens, un traité Suisse-Uruguay très intéressant datant de 1988.
Il précise que le différend peut être réglé dans un tribunal compétent sur le territoire où l'investissement à été effectué. Mais si aucun jugement n'a été rendu dans les 18 mois suivant l'engagement d'une procédure, l'investisseur peut en appeler au tribunal d'arbitrage. C'est intéressant parce que l'on voit un exemple de ce qui peut faire peur avec un tribunal national : la durée de la procédure.
http://investmentpolicyhub.unctad.org/D ... yFile/2327