Eeeeeeeeeeet voici le 7ème chapitre ! Il permet d'enfin finir toute cette mise en place avant de passer à des histoires plus longues, mieux rythmées, moins denses même. Il est un peu long, j'ai essayé de prendre mon temps et de ne pas avoir des dialogues trop longs, mais plutôt entrecoupés de petits paragraphes, comme vous me l'avez recommandé. Je suis conscient que certains des problèmes mentionnés sont encore là, mais j'espère que le tout restera plutôt digeste. Je vous laisse juger par vous-mêmes, le chapitre reste très important pour la suite cela dit ! Bonne lecture !
Kojitsu rouvrit les yeux. Il avait l’impression de sortir d’un long sommeil. La première chose qui le choqua fut la végétation, dénuée de toute trace de vie, et ceci à perte de vue. Les monstres qui pourchassaient notre héros et son amie avaient disparu. Il ne restait d’eux que des squelettes dénués de toute chair. Et, à l’épicentre de ce phénomène, se trouvait Leyla, flottant dans les airs et baignant dans une aura violette dont la pureté subjugua le jeune Saiyan. Il se leva pour l’atteindre et ce fut à ce moment qu’il se rendit compte que ses blessures avaient disparu. La jeune fille redescendit peu à peu vers le sol, puis ouvrit les yeux à son tour. Ils brillaient de mille feux.
« Leyla… C’est toi qui as fait ça ? »
La principale intéressée ne répondit pas immédiatement, comme si elle ne revenait que très lentement à elle. Son environnement la perturbait, elle y sentait un grand vide. Contrairement à la présence de Kojitsu, qu’elle ressentit pour la première fois. Il émanait de lui une énergie incroyable. Puis, en regardant ses propres mains, elle sentit une autre énergie. Encore plus grande.
« Tu m’as soigné, je rêve pas ! Et t’as éliminé les monstres qui nous pourchassaient ! C’est un miracle ! »
Kojitsu prit Leyla dans ses bras. Il n’en revenait toujours pas de ne pas avoir connu une fin tragique. Il sentit l’étreinte de son amie, bien plus forte qu’avant. Ses bras nus ne comportaient plus aucune trace de sa maladie.
« Je me sens bizarre. Ma poitrine n’est plus serrée, je n’ai plus de fourmillements dans les bras ni les jambes… Et je volais, là ? Je ne comprends plus rien !
- Ton visage a complètement changé… Ta maladie a disparu ? intuita Kojitsu, qui la trouvait plus resplendissante que jamais. Et surtout, ton énergie… Elle ne vacille plus, au contraire, elle est impressionnante. Et elle dégage une température agréable. »
Leyla, consciente que ce que son ami disait était vrai, défit son étreinte. Elle se mit à marcher vers les arbres morts, dotée d’une énergie sans précédent. Elle se retrouva bientôt à courir, sauter, danser au milieu de cette nature morte. Son sourire, sa joie, contrastaient avec l’environnement. Kojitsu, bien qu’heureux de voir son amie si enjouée et inexplicablement guérie, s’envola pour examiner les alentours. Tout le flan de la montagne avait connu le même sort : arbres et animaux n’étaient plus de ce monde. Il entendit soudainement Leyla se plaindre : non habituée à courir aussi vite, elle avait trébuché et s’était ouvert le coude. Notre héros se rapprocha d’elle et assista à une scène hors du commun. Alors qu’elle mit sa main sur sa blessure, une lumière pourpre se dégagea de sa main et la plaie se referma presque aussitôt.
« C’est bien ce que je pensais, c’est toi qui m’as guéri ! Et tu peux encore le faire ! D’une façon ou d’une autre, tu as absorbé l’énergie vitale des êtres vivants autour de nous, et même des monstres, pour nous soigner tous les deux !
- Je suis guérie pour de bon ?
(Elle inspecta son torse et vit qu’il n’y avait plus aucune trace de sa maladie) Je suis guérie ! C’est un miracle ! »
Un véritable miracle, en effet. Les deux pré-adolescents se prirent à nouveau dans les bras tant ils étaient heureux. Ils se dépêchèrent de rentrer chez Leyla quand ils s’aperçurent que Slar était sur le point de se coucher. Leyla remit son manteau pour se couvrir, malgré son mauvais état, par habitude. Pour la première fois, il lui portait trop chaud.
Kojitsu put voler à toute vitesse avec Leyla sur son dos sans problème, au contraire. Leyla appréciait pleinement le vent déferler sur son visage, sans ressentir aucune douleur.
***
En arrivant sur place, ils furent accueillis par les parents de la jeune fille, visiblement bien moins joyeux qu’elle. Elle fut immédiatement interrompue par ses parents quand elle se précipita vers eux pour leur partager la bonne nouvelle :
« Cesse de courir, tu vas te fatiguer inutilement ! la gronda son père. Je savais bien que vous étiez sortis en cachette quand personne n’a répondu à mon appel !
- Tout le monde a senti le tremblement de terre à Lutecia, et vous ne répondiez pas au téléphone ! s’énerva Léa. Nous avons cru que quelque chose vous était arrivé… Attends, pourquoi ton manteau est-il dans cet état ? On dirait des marques de griffes ! »
Léa ne laissa pas sa fille répondre et examina ses vêtements sous toutes leurs coutures. Aucune blessure n’était à déplorer là où ils étaient déchirés, néanmoins cela n’atténua pas sa panique. Quelque chose s’était attaqué à sa fille. Elle échangea un regard avec son mari, dont la colère s’intensifia.
« Kojitsu, nous te faisions confiance ! Où as-tu emmené Leyla ?
- Pas très loin, juste à côté de –
- Il ment, papa, maman, fit Lara en montrant son téléphone. Les lunettes à oxygène de Leyla ont émis leur dernier signal au niveau de la montagne là-bas, je viens de vérifier. Je te faisais confiance, Kojitsu. Tu étais censé la protéger.
- Ecoutez ce qu’on a à dire, s’il-vous-plaît ! supplia le jeune Saiyan. Leyla est guérie, ça se voit à sa tête !
- C’est vrai ! Regardez, je peux sauter sans problème ! »
Elle n’eut pas le temps de faire sa démonstration qu’elle reçut une gifle de la part de sa mère. D’ordinaire, Léa n’aurait jamais levé la main sur sa fille malade. Néanmoins, après des heures à s’inquiéter et en voyant sa fille agir ainsi, elle avait craqué. La mère de Leyla posa immédiatement sa main sur la joue rouge de sa fille, l’implorant de la pardonner tandis qu’elle ne pouvait plus contenir ses larmes. Leyla ne savait pas comment réagir, elle n’osait plus parler. Ce fut Noah qui brisa le silence :
« Ne dis pas ce genre de choses alors que tu es consciente de ce qu’ont dit les médecins ! Rentre immédiatement à l’intérieur et va prendre tes médicaments. Nous allons discuter de ton comportement. Quant à toi, Kojitsu, tu as osé mettre ma fille en danger. Tu ferais mieux de partir immédiatement avant que je perde mon sang-froid. »
Notre héros n’eut pas le temps de contester. Dans sa joie, il avait oublié que ces événements étaient survenus parce qu’il avait ouvertement désobéi aux consignes données par Léa et Noah. Ils avaient même frôlé la mort. Mais Leyla était dorénavant guérie de sa maladie supposée incurable. Cela devait peser dans la balance, non ?
***
Le lendemain.
« Mais je vous jure qu’elle est guérie !
- Ne te cache pas derrière des mensonges pour justifier tes actes !
- Tu parles de mensonge… mais c’est vous qui m’avez caché qu’elle allait mourir ! »
Zekyo ne sut pas quoi répondre. Toute la journée, il avait discuté avec Maja de la meilleure façon d’aborder l’incident de la veille avec leur fils, qui était puni dans sa chambre jusqu’à nouvel ordre. Malgré un début de conversation calme, le ton était vite monté et cela faisait maintenant plusieurs minutes que Kojitsu se disputait avec ses parents.
Le conseiller de Lutecia soupira, comprenant que Leyla avait révélé à son fils la vérité sur sa condition.
« Nous n’avons fait qu’honorer la demande de Leyla. Cela ne change rien au fait que tu as désobéi à ses parents et que tu l’as mise en danger. Si j’en crois l’état de tes vêtements, tu ne contrôlais pas la situation, qu’importe ce à quoi tu as fait face… Maintenant que tu es conscient de sa fragilité, tu devrais t’en vouloir, au lieu de t’entêter !
- On n’aurait jamais dû se faire attaquer par des monstres aussi forts, mais c’est la vérité, je vous le jure !
- Encore une fois, tu mens ! Cette zone est protégée par une barrière mystique qui empêche tout monstre d’y entrer ! Il y a bien eu un séisme, mais rien d’autre ! Pas de changement de couleur de la barrière, pas d’éclairs, il n’y a même pas eu de relevés énergétiques inhabituelles ! J’ai demandé aux scientifiques de vérifier trois fois car je voulais croire que tu disais la vérité !
- Maman, s’il-te-plaît, crois-moi ! Je suis même devenu plus fort, comme quand je suis très blessé !
- Et comment aurais-tu miraculeusement été soigné, dis-moi ?!
- C’est Leyla ! La Déesse l’a sauvée et elle peut faire comme elle maintenant, soigner les gens ! »
Le dos de la chaise sur lequel s’appuyait Zekyo se brisa sous la pression. Il n’en pouvait plus d’entendre son fils déblatérer de telles inepties. Avait-il reçu un coup sur la tête ? Il ne leur avait jamais autant tenu tête auparavant. Zekyo se tourna vers sa femme, en espérant qu’elle saurait raisonner leur fils. Maja réfléchit quelques instants avant de prendre la parole.
« Admettons qu’il dise vrai. Zekyo, y a-t-il une zone dénuée de toute trace de vie dans les montagnes ?
- En effet. J’attends encore un rapport des scientifiques là-dessus, mais ça ne prouve rien.
- Il s’est donc bel et bien passé quelque chose d’inquiétant là-bas. Il s’agit maintenant de démêler le vrai du faux dans l’histoire racontée par Kojitsu. »
La sonnette retentit soudainement, avant que la famille ne puisse continuer leur discussion.
« Ce doit être les parents de Leyla, devina Maja. Ils arrivent au bon moment. Tu vas t’excuser auprès d’eux, comme on a convenu. Qu’importe tout ce qui vient d’être dit. »
Kojitsu baissa la tête, conscient qu’il devait écouter sa mère. Zekyo fulminait encore mais il fit l’effort de se calmer. Quand Maja ouvrit la porte, elle se rendit compte que toute la famille Asoka était présente, à sa grande surprise. Leyla sauta dans les bras de Kojitsu avec une fougue qui en étonna plus d’un. La mère du jeune Saiyan proposa de s’installer dans leur salon, pour parler des événements récents.
Kojitsu, assis entre ses parents, soutenait le regard de Noah. Ces dix secondes lui parurent durer une éternité. Il y décelait sa colère, la même que la veille. Son expression finit toutefois par s’attendrir, à la grande surprise de notre héros : le père de famille détourna le regard vers sa fille, plus resplendissante que jamais. Il passa sa main dans ses cheveux, proche des larmes. Un changement radical qui troubla grandement Zekyo et Maja.
« Merci de nous recevoir. Nous voulions vous parler de l’escapade de nos enfants hier, comme prévu, fit Léa.
- Kojitsu nous a raconté ce qu’il s’est passé, répondit Zekyo. Je suis désolé du tracas qu’il vous a causé et des histoires qu’il a inventées pour se trouver des excuses. Kojitsu aussi, n’est-ce pas ?
(Bien que réticent, le jeune Saiyan s’exécuta sous le regard sévère de son père)- Excusez-moi, je n’aurais pas dû emmener Leyla avec moi et la mettre en danger…
- Oui oui, passons pour les excuses, elles ne sont plus à l’ordre du jour », l’interrompit Noah.
Zekyo et Maja s’échangèrent un regard plein d’incompréhension. Leyla sourit à Kojitsu, qui comprit que la situation avait changé pour le mieux.
« Nous avons plutôt quelque chose à fêter. Un miracle que nous n’attendions plus. Et pour accompagner cela…
(Il sortit une bouteille d’un alcool très raffiné, réservé aux plus grandes occasions) - Noah, je suis perdu, que s’est-il passé pour que vous paraissiez aussi heureux ?
- Eh bien, vois-tu, Zekyo… »
***
La veille, après le retour de Leyla. Sa mère, inquiète qu’elle ait attrapé froid, l’avait immédiatement emmenée dans la salle de bains afin qu’elle prenne un bain chaud. La pièce était plutôt grande : elle comportait une douche, une baignoire, et deux lavabos côte à côte, sous un grand miroir. En lui enlevant son manteau, Léa s’étonna de ne plus voir les marques distinctives de la maladie de sa fille, que ce soit sur ses bras ou le haut de son torse. Il n’y avait également aucune trace de blessure, contrairement à ce que l’état de ses vêtements laissait penser.
« Tu vois, je n’ai plus rien !
- S’il-te-plaît, Leyla, arrête. Tu sais bien que quand l’hiver passe, tes marques se résorbent. Là, c’est vraiment fulgurant, mais n’oublie pas que ce n’est que passager.
- Maman… C’est la première fois que je ne ressens plus de fatigue et que je n’ai plus de vertiges. Même la douleur dans ma poitrine a disparu ! »
Léa ne savait plus quoi dire à sa fille qui s’obstinait à croire qu’elle était guérie. Certes, l’amélioration de son état était sans précédent, mais le médecin avait été clair : elle aurait le droit à plusieurs mois de répit avant que sa condition n’empire à nouveau, pour la dernière fois. Aucun faux espoir n’était permis. La mère de Leyla était si distraite par ses pensées qu’elle n’avait pas remarqué que le robinet d’eau chaude était tourné au maximum. Elle plongea sa main dans l’eau pour en vérifier la température, comme à son habitude. Elle fut prise d’une douleur terrible et hurla, alertant son mari qui se trouvait dans la chambre à côté de la salle de bains.
La réaction de Leyla fut immédiate. Elle saisit sa mère et la déplaça près des deux lavabos, comme si elle ne pesait rien. Sa prochaine action ne fut pas de plonger la main de sa mère dans de l’eau froide : son instinct lui dicta autre chose, au dernier moment. Elle la recouvrit avec les siennes, puis ferma les yeux. Une vive lumière violette apparut quelques secondes, avant de disparaître.
Léa n’en revenait pas. La douleur avait disparu et quand sa fille ouvrit ses mains, elle ne vit plus aucune trace de brûlure sur la sienne. Elle l’avait… guérie ? Noah, qui avait assisté à la scène après avoir accouru, était sans voix. Le sourire de Leyla s’effaçait petit à petit alors que les larmes lui montaient aux yeux.
« Vous voyez ? Je suis guérie. Et je peux même guérir les autres maintenant. »
Le silence dans la pièce laissa bientôt place aux sanglots de la jeune fille.
« Papa, maman… Je crois… je crois que je vais vivre. »
Le sourire de Leyla disparut complètement, au profit de larmes de joie. Ses deux parents la prirent dans leurs bras, conscients que leur fille ne leur avait pas menti. Toutes ces années à redouter le jour où cette maudite maladie aurait raison de leur fille… Tout ceci n’était plus que du passé : Leyla n’était plus condamnée.
***
Léa et Noah essuyèrent leurs larmes à la fin du récit. Zekyo et Maja peinaient à croire ce qu’ils venaient d’entendre, néanmoins même Lara souriait en regardant sa petite-sœur. Ce fut Léa qui reprit la parole en première :
« Et donc, voilà toute l’histoire… Je vous propose de trinquer à la guérison de notre fille. Nous avons été voir le docteur et il a lui-même appelé ça un miracle : sa maladie a totalement disparu et elle est même en parfaite santé ! Nous avons gardé ses nouveaux pouvoirs pour nous, nous ne voulons pas que la nouvelle se propage pour l’instant. Nous comptons sur votre discrétion.
- Bien sûr, vous pouvez compter sur nous, affirma Zekyo. Je n’en reviens pas… il s’agit bel et bien un miracle.
- Je suis si contente pour vous. C’est comme si la Déesse avait entendu nos prières… Il semblerait que l’on te doive des excuses, Kojitsu, avoua Maja, encore perturbée par cette guérison miracle.
- Je vous l’avais dit !
- Nous avons décidé de mettre l’incident d’hier derrière nous, les informa Noah. Après tout, même s’il a désobéi aux règles que nous avions instaurées et qu’il a mis Leyla en danger, Kojitsu était prêt à se sacrifier pour sauver notre fille. De plus… leur épopée est sans doute à l’origine de sa guérison, d’une façon ou d’une autre. Monstres ou pas.
- Nous vous remercions. J’en connais un qui s’en sort bien… fit Zekyo, toujours agacé par le comportement de son fils. Mais bon, passons. »
Noah ouvrit la bouteille qu’il avait ramenée et remplit les verres des adultes, tandis que Maja servit des verres d’un soda dit « festif » aux plus jeunes : le fameux « Champ’homie ».
« Avant de trinquer, je me dois de t’avertir, Kojitsu.
(Le principal intéressé déglutit face au ton sérieux de Noah) Malgré tout ce que je viens de dire, nous n’allons pas tout bonnement oublier les événements d’hier. Ne t’avise pas de trahir à nouveau notre confiance, ceci est ta dernière chance. Leyla peut enfin penser à l’avenir, un tel incident ne doit pas se reproduire.
- Je comprends.
- Bien. Je ne voudrais pas qu’elle envisage son futur sans celui qu’elle considère comme son héros. »
Kojitsu fut surpris du sourire que Noah arbora en prononçant cette dernière phrase, sur un ton bien plus léger. Notre jeune héros était conscient de la chance qui lui était accordée, qu’importe si les adultes ne prenaient pas au sérieux sa version des événements.
« Je vous promets de ne plus jamais vous décevoir. Sachez que je protègerai toujours Leyla, qu’importe le prix. »
Son visage laissait paraître toute sa détermination. Cette déclaration fit rougir la principale intéressée, qui ne s’attendait pas à une telle dévotion de la part de son ami. Son cœur s’emballa quand il lui adressa un grand sourire.
« Allez, à la santé de ma fille ! » fit Noah, adoptant définitivement sa bonne humeur.
L’émotion était au rendez-vous lors du toast : le soulagement des parents de Leyla était plus que visible. La veille encore, les jours de leur fille étaient comptés. Personne ne comprenait comment cette maladie, unique en son genre et incurable, avait disparu du corps de la jeune fille. Cela dit, c’était loin d’être la préoccupation de la famille Asoka. L’heure était à la célébration et une nouvelle vie commençait pour leur cadette.
Les deux familles dinèrent ensemble ce soir-là. Leyla montra à Kojitsu un détail qu’il n’avait pas remarqué la veille : après l’incident, quelques mèches violettes étaient apparues dans ses cheveux blancs. La jeune fille avoua avoir tenté toute la journée de se coiffer pour les cacher, en vain.
« Pas besoin de les cacher, ça te va bien cette couleur ! » la complimenta le jeune Saiyan, faisant rougir son amie.
Un court silence s’installa entre les deux adolescents, avant que notre héros ne reprenne la parole :
« Tu comptes faire quoi, maintenant que tu es guérie ?
- Il y a tellement de choses que je veux faire… Visiter des endroits qui étaient trop loin de la maison pour moi avant, faire du sport comme les autres, aller à la plage sans craindre Slar… Mais surtout, je veux faire des sorties avec toi, Luke et Alvis sans être limitée par le temps. Vous devez toujours m’emmener à la fête foraine !
- T’as qu’à demander et on ira ! Et ça te dirait de venir à l’école avec nous ? Quand tu auras fait tout ça ? Comme ça tu seras tous les jours avec nous !
- C’est pas le plus excitant de ma liste, mais oui, j’aimerais bien. Que si je suis dans votre classe.
- Parfait, laisse-moi quelques semaines et je convaincrai mon père de le faire passer comme loi ! »
Leyla rit de bon cœur à la bêtise de Kojitsu. La soirée passa à toute vitesse et les deux familles se dirent au revoir assez tardivement.
***
Les semaines qui suivirent furent chargées pour la jeune Norienne. Elle dut passer plusieurs examens médicaux pour définitivement mettre sa maladie derrière elle, mais elle put enfin aller à la fête foraine avec ses amis et aucune attraction ne lui était interdite. Luke et Alvis furent rapidement mis au courant des nouveaux pouvoirs de leur amie quand Leyla soigna avec brio des marques de griffes de chien sur le bras de Luke.
La famille de Leyla contacta le maître spirituel le plus haut gradé de la capitale, sous recommandation de Zekyo, et celui-ci étudia les pouvoirs de guérison de la jeune fille. Jamais dans l’histoire de Noro ces pouvoirs n’avaient été observés. Ils n’étaient mentionnés que dans les légendes liées à la Déesse, dont les pouvoirs divins avaient ouvert le peuple norien à la maîtrise énergétique. Ils se concentrèrent sur la maîtrise de ce pouvoir et tentèrent d’en découvrir les limites. Cela occupa la jeune fille pendant plus de deux mois.
Quant aux monstres mentionnés par Kojitsu et Leyla, des recherches furent menées à la demande de Zekyo. Aucun squelette n’avait été trouvé, ni aucune trace de leur existence, tout simplement. Seule la végétation était dans l’état décrit par les deux enfants. Ce phénomène inquiéta de nombreux chercheurs, qui peinaient à croire qu’une jeune fille pouvait en être à l’origine. Ce mystère fut mis de côté, tout comme l’incident fut classé sans suite : le récit de deux enfants n’était pas une preuve suffisante pour croire en l’existence d’une nouvelle espèce animale potentiellement plus forte que de nombreux guerriers édeniens. Kojitsu et Leyla abandonnèrent l’idée de convaincre les adultes avec leur version des faits.
Les quatre adolescents se réjouirent de pouvoir passer davantage de temps ensemble. Finalement, au bout de quatre mois et d’un apprentissage renforcé, les parents de Leyla déposèrent sa candidature à l’école où allaient Kojitsu, Luke et Alvis. Les connaissances et l’assiduité de Leyla lui permirent de rejoindre leur classe, bien qu’elle fût d’un an plus jeune. Lors de son premier jour à l’école, elle fut présentée devant la classe comme nouvelle élève. A la fin de la prise de parole du professeur, alors qu’il allait lui assigner une place, les trois garçons se levèrent en soulevant leurs pupitres et chaises :
« Vous en faites pas pour la place, on s’en occupe ! » dit Luke nonchalamment.
Ils mirent leurs pupitres avec celui qui était libre pour former un carré : Luke et Alvis étaient à côté, juste devant Kojitsu et Leyla. Luke ne manqua pas de faire un petit clin d’œil au jeune Saiyan, qui se plaignit de la lourdeur de son ami. Leyla, en arrivant à sa place, semblait gênée à cause du raffut causé par ses amis.
« J’ai eu le droit à la même en arrivant dans la classe, ça n’aurait pas été drôle si on ne l’avait pas fait pour toi ! »
Le professeur débuta son cours une fois la jeune fille bien installée.
« Prenez vos livres d’histoire au chapitre 5. Il est temps pour vous d’apprendre l’histoire de la création de notre nation. »
***
A la fin de la journée, le groupe se retrouva chez Luke pour prendre le goûter et débriefer du premier jour d’école de Leyla. Les quatre familles y étaient presque au complet. Luke et Alvis affrontaient Kojitsu pour s’entraîner, non pas sans attirer l’attention de Leyla. Elle avait cessé d’écouter les parents et de répondre à leurs questions. Elle avait dorénavant un autre objectif en tête. Elle interrompit ainsi la discussion et se tourna vers le père de Kojitsu, la voix pleine d’enthousiasme :
« Monsieur Zekyo… Apprenez-moi à me battre, s’il-vous-plaît ! »
Cette demande choqua tout le monde, y compris les trois garçons qui arrêtèrent de se battre. Kojitsu ne put s’empêcher de sourire. Les parents de Leyla ne purent tenir longtemps avant de céder à la requête de leur fille. Elle ne voulait plus être cette jeune fille fragile, pour qui tout le monde s’inquiétait. Elle deviendrait une combattante pouvant soigner les autres, quelqu’un sur qui tout le monde pouvait compter : elle comptait bien mettre à profit le miracle qui lui avait sauvé la vie et qui lui permettrait d’en sauver d’autres, à son tour. Et par-dessous tout… Elle voulait être enfin capable de protéger Kojitsu.