Ca fait prédateur de la nuit.RMR a écrit:Donc ouais, je rôdais.
Aujourd'hui, j'ai appris que l'un de mes collègues vient du Burkina Fasso, le pays où vivent la plupart des Samo. Le fil de la discussion m'a permis de découvrir que certaines choses que j'ai vues en anthropologie étaient effectivement encore d'actualité. Bon, il y a de moins en moins de personnes qui font ça, car cela ne colle plus trop au monde moderne et aux valeurs occidentales qui se répandent. Mais c'était intéressant de savoir que c'est quand même pour l'instant, encore quelque chose du présent.
Juste pour ceux que cela intéresse, il s'agit de mariages et de filiations un peu particulières. On a discuté de trois cas. Premier cas, un homme meurt, son frère ou un de ses cousins a alors pour obligation de prendre la veuve pour épouse et d'élever les enfants. Cependant, à notre époque, d'après ce qu'il m'a dit, la plupart des hommes ne consomment pas le mariage avec leur belle-soeur, préférant attendre de tomber amoureux et d'avoir ainsi leur épouse principale (leur vraie épouse, l'autre ou les autres ne l'étant que par obligation). Si la belle-soeur devenue épouse trouve un homme avec qui elle désire se marier, elle peut alors partir. Le problème étant qu'il arrive parfois que lorsque l'homme trouve enfin une femme qu'il aime, celle-ci refuse d'être mariée à un polygame. C'est pourquoi certains hommes fuient le village (car cela ne se pratique plus du tout dans les villes), pour ne pas avoir à épouser la veuve de leur frère.
Deuxième cas, il arrive effectivement que certains hommes prennent une épouse au nom de leur frère aîné mort avant d'avoir pu se marier et d'avoir pu avoir des enfants. Les enfants de cette union seront alors les enfants du mort (et les neveux de leur géniteur). Cela se raréfie également, et le rôle père/oncle est plus confus qu'avant.
Troisième cas, une femme stérile devient socialement un homme après deux ou trois ans de mariage sans enfants. Elle trouvera alors une épouse et un serviteur qui sera chargé de faire des enfants à l'épouse, qui considéreront comme père, la femme devenue socialement un homme. Mais d'après ce qu'il m'a dit, le statut du géniteur est pas clair, par rapport à l'enfant. Mais s'il ose dire que ce sont SES enfants, il est banni du village.
Après, on a discuté d'autres choses aussi, comme le fait que si un homme est incapable de faire des enfants, il demande à sa femme d'aller voir ailleurs, en couchant avec d'autres hommes (normalement de sa famille). L'enfant né de cette "infidélité" sera alors élevé comme l'enfant du mari de l'épouse "infidèle".
Bon, le premier cas est un peu glauque, puisqu'en fait, l'épouse et les enfants du défunt sont considérés comme un héritage (c'est bien quand le beau-frère le fait juste pour que la femme ne se retrouve pas à la rue, mais bon, voilà, quoi... il reste qu'être traités en héritage... euh...). Et le coup de demander à sa femme d'aller coucher avec un autre est également glauque, mais je trouve ça malgré tout, très intéressant.
C'est également cool de voir que même si c'est pas encore parfait, il y a une évolution des mentalités, avec les hommes qui valorisent de plus en plus la monogamie et le mariage d'amour. (Même si je m'en doutais, là, j'ai eu confirmation.)