Dans le premier paragraphe, je pense qu'il n'est pas totalement illégitime d'associer la peur de l'autre et une forme particulière du nationalisme, qui sont tous deux des aspects possibles du conservatisme. Pour la deuxième partie du paragraphe, il est vrai qu'il y a plus un processus dans lequel on légitime le fait de rendre plus difficile d'accès et contraignantes certaines aides sociales (et donc plus sources de stress et de situations de détresse psychologique) à toutes sortes de catégories de gens (étrangers, chômeurs, etc.). Soit en donnant une mauvaise image d'eux, de profiteurs (et il y en a, mais dans ce type de discours, ils sont rarement mis à la proportion qu'ils représentent vraiment: une minorité, et le vocabulaire utilisé est souvent plus général et absolu, sans pour autant interdire la possibilité de le nier). Soit en usant d'un soi-disant pragmatisme selon lequel on ne peut pas aider tout le monde. Ce qui est vrai, mais trompeur, car au stade où on est, je ne crois pas vraiment que la question est de savoir si on est dans la capacité d'aider les étrangers, les chômeurs, les gens en situation d'invalidité, les personnes en mauvaise santé, etc., mais plutôt si on souhaite mettre de l'argent pour les aider ou mettre de l'argent sur d'autres choses, comme l'armée, les banques, etc.Zhatan a écrit:C'est un peu cliché, cependant.Il y a un truc qui me fait rire jaune, c'est la plupart des Occidentaux qui accusent les Musulmans de tout et n'importe quoi, en prenant pour base leurs extrémistes, mettent aussi en avait les valeurs nationales de leur pays. L'amour de la patrie et de toutes les qualités associées à celle-ci. Mais apparemment, l'humanité, la compassion, la générosité et la compréhension n'en font pas partie. Ou alors, uniquement en second plan, et tant que cela ne nous coûte pas trop. Je dirais bien "en tout cas, pour l'extérieur, car pour les gens de l'intérieur, on est plus sympa", mais en fait ce n'est même pas le cas, les chômeurs et les personnes ayant besoin de la rente invalidité sont invariablement associés à des fainéants, des simulateurs et des profiteurs. Et je parle même pas des systèmes de santé qui partent en couille.
D'ailleurs, il y a des gens qui font l'apologie de l'égoïsme, comme une forme de réalisme, parce qu'après tout, de nos jours, "tout le monde est égoïste" et qu'il faut donc faire comme tout le monde, parce que sinon, on se fait marcher sur les pieds. Pas pour rien que dans de nombreux contextes, le pire défaut n'est pas considéré être l'égoïsme ou la méchanceté, mais tout ce qui est perçu comme de l'inactivité (aka la paresse). Sachant qu'être actif, c'est souvent produire des sous. Si vous êtes chômeur et que vous faites du bénévolat pour aider les sans-abris, on vous critiquera (dans votre dos) pour le fait de ne pas travailler au bout d'un moment, et votre bénévolat sera réduit: "Ben, en même temps, il/elle a le temps, et puis vu qu'il/elle ne travaille pas, encore heureux qu'il/elle se rende utile."
Pour le deuxième paragraphe, je n'ai jamais dit que c'était de la science. Pas pour rien que je suis resté sur un vague "il y a des gens". C'était pas spécialement pour donner l'impression qu'il y en a beaucoup, alors que je saurais pertinemment qu'ils sont peu nombreux, mais plutôt parce que je n'en sais rien, justement. C'est juste que c'est un discours récurrent, autour de moi. Du coup, je ne saurais dire si c'est courant ou non, mais en tout cas, je pense que ce n'est pas d'une rareté époustouflante. C'est par ailleurs cohérent avec le discours pseudo-pragmatique public de l'incapacité à aider tout le monde, ou du fait de ne pas se laisser abuser par des profiteurs.
L'idée que les qualités humaines soient moins valorisées que les qualités productives, et que les défauts humains soient moins stigmatisés que les défauts productifs, c'est du pur intuitif aussi. Mais bon, des déclarations comme "il est gentil" ou "il est sympa" peuvent maintenant avoir une connotation négative, de naïf ou d'ennuyeux. S'il y a un "j'ai la flemme", qui est acceptable dans certains contextes uniquement, il ne peut jamais être perçu comme un trait de caractère dominant, et on ne peut pas dire: "il faut être flemmard", alors qu'on entend des "il faut être égoïste".
Ce passage me semble très sibyllin.Zhatan a écrit:Du reste, s'il y a eu des problèmes dans les écoles, et au collège, pour faire la minute de silence, ça interroge quand même bien nos façons d'intégrer. Parce qu'il est évident qu'au collège on a pas d'opinions politiques, donc c'est un milieu, et la famille au passage, qui nous font devenir comme ça. Pas l'opération du Saint Esprit. Il y a un vrai souci à ce niveau là, souci que les collègues de collège nous ont rapporté. Ça ne veut pas dire qu'il faut brûler les Corans, détruire les Mosquées, tuer les Musulmans, bien sûr.