C'est un peu verbal tout ça : il n'y a pas de société sans criminalité.
En effet, j'ai manqué de nuance pour édulcorer mon propos.
Et l'implicite selon lequel tout changement est bon est un peu ridicule.
C'est ton interprétation de mes propos et en aucun cas ce que j'ai dit. J'ai beau apprécier tes posts, ton style, le ton de tes propos et plein d'autres choses, la manière dont tu reformules régulièrement les phrases des autres pour les faire passer en bourrique est quand même assez souvent grinçante; le faire avec un peu plus de parcimonie et de légèreté rendrait les débats plus conviviaux. Typiquement, dire que mes propos sont ridicules alors que ce n'est pas ce que j'ai dit, c'est un peu blessant, tu en conviendras, et ça donne envie de répondre plus agressivement qu'il ne faudrait, ce qui tend à envenimer le débat.
Ce que je dis, c'est que l'immobilisme est mauvais, pas que tout changement est bon. Mais sans changement, c'est mauvais, et l'histoire regorge de ce genre d'exemple, comme celui de la Chine qui s'est effondrée sous le poids de sa propre overdose de bureaucratie, d'immobilisme et de règles alors même qu'elle sortait du siècle où elle avait inventé l'arme à feu... qui est quand même un gros up sur les autres nations, vous en conviendrez.
En effet! Et quoi qu'on en dise, l'école n'est pas (ou plus) un milieu totalitaire.

C'est vrai, heureusement. Mais je suis souvent étonné de voir à quel point ems collègues sont intransigeants avec leurs élèves; souvent, ils le sont plus qu'avec les adultes, et carrément eux-mêmes. Bon, y a des raisons à ça mais blah blah blah, quoi.
Bref. J'étais ici pour partager mon point de vue sur le sujet vraiment important du moment: l'inutilité crasse des mesures de la BCE.Petit exposé en quelques questions simples, avec une conclusion bien provocatrice, histoire de lancer le débat.
Attention, pavé:
1. Quel est le rôle d'une banque privée dans l'économie?Créer de l'argent en finançant les domaines suivants:• les ménages (construction immobilière, essentiellement).
• les entreprises
• les états et collectivités publiques
• ou alors en spéculant, c'est-à-dire en faisant sortir l'argent de l'économie.
En effet, quand une banque prête de l'argent, elle ne le possède pas, elle le crée par une simple écriture comptable; il ne s'agit pas de l'argent de "quelqu'un d'autre". Une banque n'est tenue de posséder que 8% de l'argent qu'elle prête, et en pratique, c'est encore moins à cause de magouilles via des paradis fiscaux. Ainsi, à peu près 90% de l'argent en circulation en France (environ 600 milliards d'euros) n'existe que sur les comptes bancaires, et pas sous la forme de pièces et billets (60 mia €).
En gros, on peut dire que le rôle des banques privées est de choisir quels projets méritent d'être financés. On constate déjà à ce stade qu'il y a un bug, puisque des entreprises privées, dont le rôle est de faire des bénéfices, sont en charge d'une tâche d'intérêt public. Il y a en effet une incompatibilité évidente entre les intérêts d'entreprises privées et ceux de la santé économique de tout un pays. Mais ce n'est pas l'essentiel de mon propos.
2. Mais alors, la BCE, elle a fait quoi?On sait que l'état est endetté. C'est normal. Dans le système économique actuel, il est impossible que ce ne soit pas le cas. Comme il n'a pas le droit d'emprunter de l'argent à sa banque centrale (art.123 Lisbonne), il emprunte à des banques privées et s'endette donc auprès d'elles. Comme celles-ci ne sont pas certaines de récupérer cet argent, elles y mettent un intérêt afin de couvrir le risque de non-paiement. C'est cet intérêt qui plombe aujourd'hui les comptes de l'état français, sans quoi le budget serait bénéficiaire de 20 milliards d'euros à la place d'avoir 80 milliards de déficit.
Du coup,
la BCE s'apprête à racheter certaines dettes d'états membres de l'UE à ces banques, à hauteur de 1'100 milliards d'euros à coup de 60 milliards par mois (plus exactement, elle rachète des "obligations étatiques", c'est-à-dire des promesses de remboursements d'états pour une somme donnée). En gros, elle va donner de l'argent aux banques qui vont récupérer l'argent qu'elles ont prêté, et l'état sera dorénavant endetté auprès de la BCE à la place d'être endetté auprès des banques privées.
3. Mais elle fait ça pourquoi?Officiellement, il y a trois objectifs:
•
faire baisser le cours de l'euro par rapport aux autres monnaies. En effet, s'il y a plus d'euros en circulation, sa valeur se déprécie. Il est donc plus intéressant pour les acteurs étrangers d'acheter des biens européens. Ceux-ci devraient donc plus consommer.
•
fournir des liquidités aux banques. Afin qu'elles prêtent plus facilement aux jeunes entreprises et aux ménages, qui ne disposent pas assez de fonds, ce qui plombe l'économie actuelle.
•
éviter la déflation. En effet, les banques ne manquent pas de liquidités. Le truc, c'est qu'elles préfèrent prêter à des multinationales, aux états et spéculer plutôt que de prêter aux particuliers et aux PME, qui constituent des investissements plus risqués. Actuellement, la tendance est d'investir en masse dans les marchés spéculatifs. Comme cet argent quitte l'économie réelle (il est "confisqué", car la spéculation n'est pas liée à la consommation ou à la production de biens), la masse totale d'argent à disposition pour tous ceux qui ne spéculent pas à haut niveau (99,9% de la population) diminue, ce qui crée une déflation.
4. Ben ça a l'air très bien, tout ça! Où est le problème?• D'abord,
une baisse du cours de l'euro ne va pas changer grand chose. Il a déjà perdu un bon tiers de sa valeur en 6 ans sans qu'on remarque un quelconque effet.
• Ensuite,
les banques privées ne vont pas plus prêter aux ménages et aux PME qu'auparavant. Elles ont déjà été abondamment arrosées par tout une série de mesures et ce qu'on constate, c'est qu'elles utilisent cet argent pour spéculer encore plus, et à cause de détails que je vous passe ici -mais sur lesquels je reviens volontiers si quelqu'un m'a lu jusqu'ici et se trouve intéressé-, provoquent ainsi des crises économiques telles qu'on en a connu une en 2008 avec les sub-primes.
Et la déflation, honnêtement, comment vous dire? Ça vous ennuierait vraiment, vous, que les prix baissent? Ça vous semblerait aps un bon moyen de relancer la consommation? (bon, ok, là, je cherche un peu, mais ce simple sujet mériterait un topic à lui tout seul).
5. Mais attends, ils sont pas complètement cons, à la BCE! Pourquoi ils font ça, alors ?Parce que la Grèce va très probablement "faire défaut" à ses banques créancières. Vous savez, ce fameux risque qui fait que les banques privées demandent des intérêts. Du coup,
les gentils banquiers vont quand même récupérer leur fric et au final, ce sera au contribuable de casquer, puisque les risques de la BCE sont assumés par les états.
C'est un peu comme si -j'emprunte l'image à un pote-, alors que le Titanic s'apprêtait à s'écraser contre l'iceberg, une barque se pointait, qu'un mec prenait la place du capitaine et que celui-ci partait tout tranquille, alors que le billet lui serait remboursé plein pot et que ce capitaine avait encore touché de l'argent de la part de l'équipage comme dédommagement de responsabilité en cas de problème.
Je veux dire, c'est pas pour rien s'ils font ça maintenant, juste avant les élections grecques, et pas y a six ans. Les mecs ont pas soudainement inventé le truc, c'est déjà arrivé trois fois aux states, et jamais on n'a constaté les effets qu'ils annoncent.
Graphique:
6. Non, mais c'est scandaleux, ton truc!Oui. Bon, en même temps, Mario Draghi, le président de la BCE, c'est l'ancien n°2 de Goldman Sachs. Vous savez, les mêmes qui ont prêté du fric aux grecs et les ont aidé à maquillé leurs comptes pour augmenter leur dette au maximum.
7. Mais pourquoi les politiciens ne s'offusquent pas?Parce que leurs frais électoraux sont payés par ces mêmes banquiers. Et, ne nous voilons pas la face, parce que la plupart d'entre eux n'y bitent rien.
8. Et on peut faire quelque chose?Non. À part élire un mec qui en soit pas financé par les banques, qui pourra dénoncer le traité de Lisbonne et faire sortir la France de l'UE, c'est mort. Ou alors une révolution façon 1789, mais pas au profit des banquiers, cette fois. Et comme ça n'arrivera pas, vous allez crever la gueule ouverte. Il n'y a pas d'outil démocratique suffisamment puissant pour imposer la volonté populaire par voie de droit en France, so…
Moi, à votre place, je déménagerais en Islande, en Norvège ou en Suisse.
Ou le must: je deviendrais frontalier. Eux, là, ils sont en train de se taper le beurre, l'argent du beurre, la laitière, et en plus elle leur dit "merci". Avec les banquiers, c'est les seuls à y gagner.
Edit:
J'avais manqué une information importante:80% du risque porté par les banques centrales nationales
(…) Mario Draghi a précisé que les banques centrales nationales porteront 80% des risques liés aux rachats, tandis que la BCE n'en portera que 20%.
En gros, ça revient à dire qu'en pratique les états vont battre monnaie. En clair : c'est le début de la fin de l'Euro. Et le choc va être d'une violence rare.